Restonica Trail 2015

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seb_martin
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Restonica Trail 2015

Message par seb_martin » 30 juil. 2015 21:51

Il m’aura fallu du temps, quelques aprems sur la plage pour rédiger et un retour au monde civilisé avec clavier pour pouvoir taper mon CR, mais enfin le voilà. Ah bien sûr je n’ai pas encore le talent d’écrivain d’un coach ou oliv Barnabe, mais mon récit sort du cœur et l’objectif est de vous faire partager les moments forts vécus avant, pendant et après cette course.
Ce CR aura aussi l’avantage de vous éviter l’achat d’un Closer, Voici ou autre magazine du genre pour vous faire passer le temps au bord de l’eau. Comme dans ces torchons vous y trouverez de la Passion, de la Sueur, des Rires, des Larmes, du People, etc..mais tout ça en mieux car sous couvert de la planète SNLS44.

Aout 2014, je rentre à peine de mes vacances d’été pour la 1ere fois hors de Corse depuis 5 ans, et déjà je me projette sur les vacances 2015. Même si le Var est sympa, sûr que 2015 sera un retour sur l’ile de Beauté. Yann est aussi rentré de congés et on parle des objectifs sportifs 2015. Il nous faut peu de temps et une opportunité de prix de billets d’avion Volotea pour que l’objectif vacances et sportif soit tout trouvé, ce sera la Restonica Trail le 11/7/2015, donné pour 69 km et 5000 de D+. Cette punition n’a pas l’air de déplaire à la famille et la perspective de partager cette course avec mon gazier qui a plus d’expérience que moi sur ce format me réjouit d’avance. Pour avoir déjà randonné dans le secteur, je sais que les pentes seront raides, les descentes techniques et la chaleur à maitriser, mais je sais aussi que les paysages seront à couper le souffle.
Début 2015, Céline concrétise la logistique et nous trouve un gite dans Corte, ville de départ du trail, que nous partagerons avec la famille Vigneron, sur le papier ça a l’air bien, qui vivra verra….. Ma saison début 2015est orienté avec l’objectif unique de la Restonica, les quelques trails faits sont pour prendre de la caisse et du mental, même si j’ai du mal à mettre un dossard sans me mettre minable.

Début mai, je commence une prépa, sans que ce soit un prog écrit, j’augmente le volume de 3 à 4 sorties / sem avec des sorties de 3h, voire + et des enchainements de cotes qui piquent près du barrage du lac. La prepa se passe bien, les séances du mercredi soir avec les copains me permettront de voir que la forme est là. Mon compère a pris lui une option prépa originale pour un traileur, il fera son 1er triathlon,… un half en + et rien qu’à 15 j de la course ; why not, je le sais capable de tout ce guerrier. Il le prouvera car finisher dans un temps raisonnable avec des conditions de chaleur difficile, elle est peut-être là la prépa…. Pour moi fin de prépa difficile, grosse douleur sous le pied , diagnostique : inflammation de l’aponévrose plantaire ; du coup se sera 15 j de coupure, c’est sans doute pas plus mal pour faire du jus. Remède, glace et ibuprofène pour désenflammer, je décide aussi de faire la chaise tous les jours en 8 x 1’ pause 1’ ainsi que le gainage du coach pour renforcement musculaire.

1er juillet 2015, arrivé en Corse, la 1ere semaine sera à Erbalunga. L’appel de la montagne est + fort que la préco du kiné. Je propose donc à Charly de gravir Monte Stello (+ haut sommet du Cap Corse à 1300 m). Boucle de 18 km, donné pour 5h45 de marche ; on la fera en 4h20 en se perdant 2 fois, les montées à 3km/h et les descentes en trottinant. Cette belle ballade me donnera 2 indications : dans les montées la moyenne horaire est vraiment faible, donc pas d’inquiétude ; j’ai encore mal sous le pied, merde fait chier…. J-7, journée à la plage de Tamarone au bout du Cap Corse d’où un sentier des douaniers part pour accéder à des plages paradisiaques. Pendant que Céline et les enfants farnientent, je décide d’aller profiter de ce sentier, je pars en mode marche et l’envie de courir est trop grande en voyant ces paysages et singles, il fait pourtant un bon 40°, mais j’ai la banane et je fais des selfies avec les vaches sur les plages désertes. La Corse est vraiment magnifique mais cette année les vacances ont un goût particuliers, je ménage ma condition et c’est donc apéro sans rosé, restriction à 1 Pietra / jour.

J-4 , Yann arrive sur l’ile et on doit se rejoindre au logement pris en commun à Corte. Bel appartement de ville avec grande terrasse, cool, par contre il fait super chaud et le logement est face à la seule boite de nuit de Corte , l’An 2000 ?!!! Du coup c’est fenêtre fermée la nuit pour bien gardée la chaleur, et malgré ça musik dans la tête jusqu’à 5h00 ; idéal pour la prépa du mental. La journée est passée à se détendre avec nos 2 petites familles et à se rafraichir le corps et les gambettes dans les rivières encaissées et magnifiques du Niolo et de la Restonica. J-2 au matin, on va trottiner avec Yann, Charly et Enzo sur le bord du Tavignanu qui sera la fin de parcours de la course, un aperçu du type de terrain pour Yann qui ne connait pas les chemins Corse. Enzo prend un coup de chaud, l’avantage c’est que la rivière proche permet de se rafraichir, au final 1 h de sortie alternant marche et petit trot de montagne. Je sens un peu la douleur sous le pied mais ça devrait le faire. Le soir après un bon resto corse, le Bip’s, la pression monte et on se met dans l’ambiance car les fondus de l’ultra du 110 km commencent à déambuler dans les rues pour un départ à minuit. Yann discute avec un breton qui a l’air serein, alors qu’il dit espérer être revenu pour notre départ car son épouse sera sur la même ligne que nous, soit dans 29h ; putain les cons ils foutent les ch’tons, en + un départ à minuit, c’est l’heure où tu vas te coucher en vacances. Avant leur départ, le speaker interview un corse, Guillaume Peretti ; ce n’est rien que celui qui a battu l’an dernier le record du GR 20 en 32h jusque-là détenu par Kilian Jornet himself ; il dira entra autre au micro que les corses sont avantagés car ils ont la connaissance de leur terrain si particuliers. Le départ des 110 inscrits seulement sur l’ultra est joli : musik, fumigène et tout le toutim, ça donne envie, vivement notre tour. On rentre à l’appart et de la terrasse on voit la farandole de frontales gravire le 1er sommet, ouahhh !

J-1, après un réveil sans réveil, notre tour est venu d’aller chercher les dossards au supermarché du coin, de belles photos des éditions précédentes sont affichées. On récupère le dossard et le pack compétiteur garni d’un t-shirt, une bouteille de rosé, 1 Pietra, de la charcuterie corse et des canistrelli ; je suis interviewé par le speaker, merde je suis dans les favoris ou quoi ???On pose avec notre beau t-shirt pour la photo et l’aprem se déroulera à l’ombre au bord de la rivière fraiche. 19h30 on rentre à l’appart et allons voir les arrivées de l’ultra, sur la ligne, le 1er est annoncé dans quelques minutes, après 20 h d’effort Doume Lucciani, Corse et favori annoncé de Peretti arrive, je suis impressionné. Le kdo du finisher est un coupe-vent sympa, objectif, être donc finisher , même sur les rotules pour avoir ce coupe-vent. On rentre manger les pâtes au saumon de Lucie, les filles continuent sur leur lancée, c’est-à-dire, apéro rosé, pendant que moi et Yann on trinque au sirop de pêche avec eau fraiche, putain je ne me reconnais pas ! Yann essaie d’extrapoler sur notre temps de course envisageable, sachant qu’on ne sait pas du tout sur quelle base se fier : de toute façon pas d’objectif temps ou place, être finisher, c’est tout ce qui compte. Malgré tout le stress monte, j’en mène pas large face à la découverte d’une course de montagne sur cette distance et dans ces conditions de chaleur. Du coup pas trop d’appétit pour les pâtes de Lucie, on finit le repas fiça pour préparer le barda du lendemain afin d’éviter le stress inutile du matin. Yann et moi allons nous coucher relativement tôt afin de grapiller quelques heures de sommeil, les filles continuent sur leur lancée, shopping de nuit et sortie en ville. Céline rentre à 1h30 et me relate des échanges avec les finishers de l’ultra : il faut boire, boire et encore boire et penser à se rafraichir des que l’occasion se présente ; on marche beaucoup et court peu, les bâtons servent peu tellement le terrain est technique. Je revois ma stratégie de les prendre ou pas, bon on verra tout à l’heure, je ne redormirai pas jusqu’ à ce que le téléphone sonne à 3h45.

Jour J : Réveil, suivi de café, gatosport et banane. Yann a la sauce et a l’air serein ; tant mieux, moi je suis loin d’être en confiance. Céline, Charly, Enzo et Lucie se lèvent aussi pour nous accompagner au départ. Je finis de me préparer à la va vite car je me sens à la bourre, heureusement le départ est à 5 min à pied de l’appart. Je décide partir les bâtons à la main et je ne les lâcherai pas jusqu’à la fin. Derniers bisous aux enfants et à Céline, une accolade à mon Yann et on se met sur la ligne, perso j’ai le trouillomètre à 0, c’est la 1ere fois que j’appréhende autant, l’inconnu sans doute, distance, montagne, chaleur, beaucoup de nouveautés pour une seule épreuve. Les voisins sur la ligne ont l’air du coin, les accents ne trompent pas. 5h00, c’est parti, départ en cote dans les ruelles de Corte, fumigènes et encouragements des courageux qui se sont levés. Dès le départ je pers Yann dans le paquet des 250 partants, merde, faites pas les cons je suis perdu moi sans mon guide de montagne ?! Bon tant pis, de toute façon au bout de 500 m tout le monde va se mettre à marcher car les 6 1er km c’est une montée avec 1400 m de D+. J’arrive dans le single et prend mon rythme de marche en faisant attention à ne pas faire monter le cardio, car même en marchant, ces montées peuvent laisser des traces. Je me remets en tête le seul objectif de la journée, être finisher, pas d’objectif temps et place, donc si tu te fais doubler, pas de tentative d’accroche ; et je sais que je vais devoir me faire violence car ce n’est pas dans ma nature. On est tous en file indienne, devant ça va déjà + vite et certains doublent sur le single. Très vite la farandole de frontales s’éteint pour laisser place au lever du soleil. Au bout d’une heure de montée, Corte s’éloigne et le paysage devient + aérien avec le Monte Rotondo sur notre gauche. Je m’arrête un instant pour regarder derrière et je reconnais Yann, ahh ouf j’ai retrouvé mon sherpa. On finit la montée ensemble qui fait quelques replats qui permettent de trottiner. On passe l’arche de Padule, immense trou dans la roche, appelé ici en Corse Tafoni. Le PC 1 est en haut de la montée, on y est 6,5 km en 1h41.

Petite descente en trottinant sur 500 m qui nous mène au ravito. Bien garni en sucré et en Tuc, je bois du coca et je ne refais pas le plein de la poche à eau car le prochain ravito est dans 7 km seulement. Après une montée en marchant sur 10’, la route vers le prochain PC se fait tout en trottinant à petit rythme et sur de larges pistes forestières avec sur notre gauche la chaine du massif du Rotondo, géant magnifique, pour l’instant que du bonheur, je ne ressens pas ma douleur sous le pied et ça me met en confiance. Le soleil s’élève dans le ciel et la T° avec, il n’est pourtant que 8h du mat’, penser à boire avant que la soif nous rattrape. Ça fait du bien de dérouler un peu et du coup on arrive 1h05 apres le PC1 au PC 2 Bonniace qui a été avancé au km 14 avant le refuge de Sega pour avoir du réseau et permettre le suivi live direct (mdr). Je rempli ma poche à eau, boit du coca et eau gazeuse car le prochain ravito est au km 30 seulement. Les bénévoles sont en nombre et attentionnés pour te filer un coup de main à recharger les camelbak et ça se vérifiera sur tous les ravitos. On repart avec Yann sur un single en descente et sur 2km, descente assez technique, une jeune femme, du cru sans doute, nous double et rapidement on ne la voit plus, c’est évident et ça se vérifiera on n’a pas le pied aussi assuré qu’eux. Arrivé au refuge de Sega que nous passons sans s’arrêter, nous sommes dans la foret et il y a des randonneurs, partie à l’ombre relativement plate mais avec alternance de parties caillouteuses, donc on alterne trot et marche. Je commence de temps en temps à décrocher Yann mais l’attend pour rester en contact. On croise pour la 1ere fois de belles petites cascades et ruisseau, je me rappelle le conseil d’un gars de l’ultra donné à Céline et m’arrête pour me rafraichir la tête ; je me forcerai sur toute la course à chaque source ou cours d’eau croisé à me mouiller la tête et la casquette. Pour sortir de cette forêt, on attaque une belle bosse qui nous permet d’arriver sur un plateau avec une végétation basse de maquis. Je pensais que cette partie jusqu’ au ravito du lac de Nino allait être relativement roulante, que nini, de bonnes patates en singles font chauffer les cuisses. Yann et moi sommes dans un rythme sensiblement différent, les écarts se creusent, je décide d’aller jusqu’au lac de Nino.

L’accès au Lac sur 5 km environ se fait sur un single en trottinant avec peu de végétation et une grosse pelouse qui annonce le lac proche. Ca y est je vois Nino et le ravito au bout du lac, je connais cet endroit pour y avoir randonné, en Corse on appelle ces endroits des pozzines, sorte de pelouses grasses sur tourbe où circulent de minuscules ruisseaux au départ d’un lac de montagne ; les animaux + ou – sauvages viennent s’y rafraichir ; pour moi cet endroit ressemble de près au paradis sur terre. 10h30, arrivé au ravito de Nino, 30 km de fait et je me sens bien, les jambes commencent à devenir un peu dures mais tout est ok. Je prends mon temps pour bien m’alimenter, jambon et fromage corse, compote coca et refait le plein de mon sac. C’est le 1er échappatoire pour rentrer au bercail sans passer par la ligne finisher et déjà certains décident de mettre le clignotant. J’essaie d’appeler les filles pour donner des news, mais pas de réseau. Yann arrive avec + 7’, je lui dit de prendre son temps pour bien s’alimenter, pour lui ca l’air d’aller aussi, mais il préfère rester dans son rythme. Je profite de la présence d’un poste médical sur ce PC pour me mettre du froid en bombe sous le pied, j’ai pas forcément de grosse douleur mais pour le psycho ça aide. On repart de Nino avec les mêmes paysages que pour y venir, on peut trottiner et la chaleur commence à bien monter, assez rapidement je devance Yann ; je me dis que la montée raide et technique qui mène à Bocca alle Porte lui sera favorable car plus puissant que moi sur les montées raides marchées. Une bergerie au bord d’un ruisseau est sur notre trace, comme d’hab, je me force à m’arrêter pour me mouiller la tête, la chaleur commence à être pesante. Beaucoup de traileurs font comme moi.

On distingue la chaine de montagne qu’il faudra franchir par Bocca alle Porte, le sentier se fait de + en + minéral, les cailloux de + en + gros constituent une sorte d’escalier interminable à monter où chacun fait sa trace. J’ai oublié une précision qui a son importance, nous sommes sur cette partie et depuis Nino sur le mythique GR20. Je fais la montée en compagnie d’un petit bout de femme, elle me rapporte qu’elle a récemment fait la maxi race support des championnats du monde et qu’à coté de ce que nous faisons aujourd’hui, c’est de la gnognotte au regard de la technicité du terrain, si tu le dis je te crois et en + ça m’arrange, respect Mme. Sur cette portion les bâtons m’emmerdent car peu utiles et m’empêchent de me servir de mes mains pour gravir les blocs de roches , on m’indique une source salvatrice et comme d’hab eau fraiche dans la gourde et sur la tête pour mieux repartir et finir cette fichue montée. On entend crier en haut, ce sont les encouragements des bénévoles au niveau de bocca alle porte qui nous guident sur la montée finale, allez encore un effort et on dominera le lac de melo et capitello depuis le GR20, ça claque non !!. Sur ce point haut, j’entends à plusieurs reprises mon téléphone, sans doute un peu de réseau ; pour me motiver mais sans le regarder, je me dis que ce sont des messages d’encouragements des copains . Ouf je passe bocca alle porte, la bénévole qui nous encourage me dit qu’il reste 4 km seulement jusqu’au PC4 et ravito. Je me dit que ça devrait aller vite car profil plat , voire descendant, tout faux…., le single est technique, les bâtons m’emmerdent, le seul point positif , c’est le souffle d’air à cette altitude sur la crête qui permet de ventiler un peu. Sur cette portion je croise 2 gars au plus mal, 1 en hypo allongé par terre en attendant de récupérer et 1 autre le poignet en vrac suite à une chute, ça me fait relativiser mon état de fatigue qui commence à s’accentuer. 13h40 et 42 km de fait, je pointe à PC 4 Bocca a Sogglia, je ne m’attarde pas, je recharge et mange rapido car je sais que PC 5 bergeries de Grotelles est dans 5 km seulement avec là-bas mon comité d’accueil, un gros ravito et la barrière horaire qui doit être passé pour 17h00, mais ça vu l’heure, c’est gagné.

La descente jusqu’aux bergeries de grotelles est très technique, un vrai calvaire pour les chevilles et les ischio, je pense à mes copains triathlètes aux chevilles de verre pour qui cette descente équivaut pour moi à la natation sur l’IM de Nice par mer force 7. On passe sur le bord du très beau lac de Melo, je fais toute la descente avec un groupe de 4, les encouragements des randonneurs et touristes montés au lac nous permettent de nous booster un peu. J’aperçois la bergerie et juste avant sur le bord du chemin les supporters du SNLS44, ahh cool , il y a même la famille Leduc au grand complet qui a fait le déplacement spécialement depuis Savenay pour nous supporter, , trop bon cet esprit club , ça fait du bien de voir tout le monde. Je demande aux filles si Yann est passé loin derrière moi au dernier PC pour savoir si je l’attends, mais elles me confirment que le suivi live ne fonctionne pas et qu’elles n’ont pas de visu sur notre course depuis le départ. Mes supporters m’aident à recharger le sac et m’alimenter comme il faut, charly me met de la crème solaire et me donne une nouvelle montre avec batterie neuve, j’ai l’impression d’être dans une team avec ce beau monde là autour de moi. Il est 14h50, plus que 24 km à faire, je leur dis avant de partir que je pense être à Corte vers 20h. Je profite de la présence d’un kine pour me faire masser le pied car dans la descente la douleur s’est bien réveillée, elle m’indique que dans la montée du plateau d’Alzu à venir, il est préférable de suivre le chemin de randonnée balisée qui serpente plut^t que de suivre la trace de la course qui est dré dans le pentu, ok je prends note. Je repars avec un des gars avec qui j’étais sur la descente de Melo. Single sur 5 km à profil descendant sur lequel on peut trotter et au bord de la Restonica, je suis bien et me dis que si je ne fais pas le con à prendre des risques , ca devrait passer. Je m’arrete à un cours d’eau et du coup perd mon compagnon de route, même si le paquet s’est bien étiré, je n’ai jamais jusque là été vraiment seul. Le balisage est correct mais tu es sur une course de montagne, donc à toi de lever la t^te de temps à autre pour savoir où tu dois aller. Le chemin s’écarte de la Restonica pour commencer à monter sur Alzu, environ 4 km de montée pas tres technique mais bien pentu, surtout quand tu as déjà 50 km dans les jambes. Je suis les conseils de la kiné en serpentant, même si j’ai l’impression de me rallonger, j’économise quelques cartouches par rapport à ceux qui vont dré dans le pentu, certains me doubleront que temporairement. La montée est longue et pénible moralement car je ne l’attendais pas si difficile. Je me motive en pensant aux snlistes qui doivent depuis leur canapé envoyer leurs encouragements par sms à moi et Yann, donc bats toi pour être digne de ce club de tabayos. Je pense aussi à mes 2 loulous, fervents supporters et qui seront très vite devant moi, donc cette course c’est aussi pour moi l’occasion de leur rappeler que c’est encore moi le daron à la casa. Ces leitmotiv me permettent d’atteindre le plateau d’Alzu sur lequel je trottine environ 1 km avant d’arriver au dernier PC et avant dernier ravito.

Il est 17h38, il me reste selon les bénévoles 14 km sur profil descendant.je ne traine pas au ravito car pas d’appétit et les nombreuses mouches aux bergeries m’enquiquinent sur mon corps transpirant. Apres Alzu, le single est en sous-bois et il est possible de trottiner, je me fais doubler par des gars qui veulent finir fort, mais la sagesse et aussi le manque de jus me font rester dans mon rythme. Dans cette forêt qui mène au Tavignanu, je me sens un peu seul, je crois même à un moment être perdu car je ne vois plus le balisage. Je repense à ce que m’a dit Yann, les km les uns après les autres, sans se poser de question, c’est comme ca qu’on est finisher. J’arrive à U Russulinu, pont sur le tavignanu et dernier ravito avant la finish line de Corte, je me mouille la tête et mange de la banane. Une fille passe le ravito sans s’arrêter car équipée pour finir les 6.5 derniers km ; je décide de finir avec elle, on échange quelques mots , c’est une Corse. La fin de la course est dans la vallée du Tavignanu, légèrement roulant sur le départ, cela me permet de trottiner avec elle et j’espère bien qu’elle va me tirer jusqu’à la fin de la course (private joke pour les traileurs de l’ile d’yeu) ; hélas dans les parties techniques, elle me prend à chaque fois quelques mètres et je ne préfère pas prendre de risque à ce stade qui pourrait être synonyme de chute ou entorse et donc abandon. Je finis donc le bord du Tavignanu seul, le soleil est passée derrière les montagnes, la lumière est moins forte et la chaleur est tombée, c’est la fin de journée ; je me dis que je tiens le bon bout. La fin est dure pour les jambes, mais j’arrive encore à trotter quand le terrain le permet, j’aperçois d’abord Corte puis au bout du chemin Elvan et Enzo m’attendent pour finir le dernier km dans Corte, ca fait du bien de les voir ; c’est incroyable mais j’éprouve même du plaisir à courir avec eux, normal, je suis sur du bitume, on dirait que ca avance tout seul. Le parcours finish nous fait passer dans les ruelles où les terrasses des restaurants m’applaudissent, à chaque fois je lève les bâtons en signe de victoire, hyper heureux, comme si j’étais sur le podium, il ne se sent plus le gars. La dernière ligne droite est en descente jusque la ligne des applaudissements et les snlistes présents me poussent jusqu’au bout, yesss je suis finisher en 15h16. Les bénévoles m’accueillent chaleureusement, j’ai soif de sucré, du coca. Charly me dit que je suis 122eme, je découvre totalement ma place, n’ayant eu aucune idée durant la course où je me situais, je suis content de cette place. J’endosse mon coupe vent de finisher et part discuté avec mes copains en terrasse à siroter une bonne Pietra en attendant Yann, j’enlève mes runnings pour mettre des tongs, quel bonheur. Les filles me racontent que Yann avait mal aux pied à Grotelle et que la fin risquait donc d’être douloureuse. On l’attend une petite heure, et il arrive le guerrier ; on a fini tous les 2, je suis content.
La famille Leduc nous accompagne à l’appart pour manger une pizza, boire une bière et refaire le match ; Yann a un peu de mal à encaisser l’après course.

Vous l’aurez compris, j’ai passer un super moment dans des paysages grandioses, organisés par des gens sympas qui ont envie de bien faire. Avant cette course et en parlant des belles plages et beaux spots de rivières corses , je disais souvent : La Corse ca se mérite, et bien je le dirai encore plus. J’ai tout de même un coup de gueule, j’ai à de nombreuses reprises ramasser les détritus des gels et barres en tout genre, ce comportement de certains compétiteurs dans des régions aussi belles m’insupportent de + en +.
Je finis ce CR en remerciant tous les snlistes qui m’ont encouragés de prêt ou de loin, la famille Vigneron pour les moments passés ensemble et Yann pour m’avoir accompagné sur cette course, et surtout ma petite famille pour être à mes cotés dans ces projets et sans qui je n’aurai pas l’énergie pour être finisher d’une telle course.

Biz à tous les lecteurs

jeje
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Re: Restonica Trail 2015

Message par jeje » 31 juil. 2015 09:24

Salut Seb ,

bravo et merci pour cette petite balade.

jerome

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Patrick
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Re: Restonica Trail 2015

Message par Patrick » 31 juil. 2015 12:12

Salut Seb.
Superbe CR. J'y étais en le lisant. Merci pour cette magnifique course.
Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre.

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Yann44
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Re: Restonica Trail 2015

Message par Yann44 » 31 juil. 2015 18:07

Un grand Merci pour ces moments de partage et ce superbe CR qui me fait revivre cette Restonica Trail.
En effet, course magnifique mais course exigeante, avec des passages très techniques. On le savait, on n’a aps été déçu. C’est clair que sur ce genre d’épreuve la difficulté n’est pas seulement le kilométrage et le dénivelé … mais c’est aussi la technicité du terrain qui fait la difficulté (surtout pour des coureurs de Loire Atlantique comme nous). Descendre ou monter 1000m de dénivelé sur un sentier en lacet ou dans un pierrier n’est pas la même chose.
En tous cas, bravo à toi pour ta course, pour ta gestion de course parfaite. Tu t’es beaucoup investi dans cette prépa et cette réussite est amplement méritée.
Ma devise est toujours la même, pour moi une course est réussie lorsque tu passes la ligne d’arrivée avec l’envie de recommencer, donc à n’en pas douter, objectif plus qu’atteint pour toi.
J’en suis sûr, cette course est un commencement, elle marque ton entrée fracassante dans le monde de l’Ultra. Je suis super content d’avoir un nouveau trailer fou au SNLS44 (en plus un gazier), … déjà hâte de partager d’autres belles épreuves avec toi.
J’étais équipé d’une petite GoPro pendant la course, donc si mon vieux PC me laisse faire un petit montage, j’essaierai de mettre en ligne une vidéo afin d’imager ce CR.
Merci également à Céline, Charly et Enzo pour ces moments inoubliables passés à Corte.
Merci à Lucie, Line et Rose pour me supporter et m’accompagner sur toutes mes épreuves.
Merci à la famille Leduc d’être venu nous encourager. Même si en effet j’étais plutôt nauséeux une fois passée l’arrivée, ce qui à mon grand regret m’a empêché de partager ces bonnes pizzas avec vous sur la terrasse de l’appart (sinon c’était vomito direct dans l’assiette).
Merci aux organisateurs Corse et à l’ensemble des bénévoles pour cette belle épreuve, orga simple mais efficace, comme on les aime.
A refaire sans modération … peut être un jour sur le 110km avec pourquoi pas des bouquetins de Pontchâteau ou autres bestioles du SNLS44 ;)
Perso, cette aventure m’a donné l’envie de faire La traversée du GR20 en mode Trail en 3 ou 4 étapes (4 sans doute plus raisonnable)…. Cela demande de la logistique pour pouvoir courir léger, j’ai commencé à regarder …. Peut être un objectif club « non chronométré » à réaliser au SNLS44 !!!

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mick44
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Re: Restonica Trail 2015

Message par mick44 » 31 juil. 2015 18:49

La vache, vous allez finir par donner envie aux bitumeux comme moi de devenir trailer, voir un ultra.
Merci pour ce CR qui comme tous les récits qui sont publiés, me file des frissons.

Encore bravo à tous les deux.
Mickael
demain sera un autre jour, alors profite du présent.

antho
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Re: Restonica Trail 2015

Message par antho » 31 juil. 2015 22:16

Bravo a tous les 2 !!! avec des CR comme ça, ça donne envie de mettre une coche de plus sur la liste des courses à faire !!! :D
En tout cas chapeau car je pense que finir une course comme ça avec ses 2 chevilles entières ça doit pas être facile !!!!
En tout cas le cercle des trailers de courses de plus de 15h s'agrandi d'année en année :lol: :lol:
bientôt on fera un bel ultra avec au moins 10 SNLISTES !! le pied ;)
Profitez bien de vos vacances et apéro (moi c'est la diète ou presque) vivement dans 3 semaines !!! :twisted: :twisted: :twisted:

Ludo
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Re: Restonica Trail 2015

Message par Ludo » 04 août 2015 22:20

Merci Seb magnifique partage ,détail extra ça donne envie
Mais surtout félicitations pour la course a tous les deux

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Yann44
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Re: Restonica Trail 2015

Message par Yann44 » 08 août 2015 11:17

Comme promis, ci-joint le lien du petit film que j'ai tourné pendant l'épreuve avec mes piètres qualités de cameraman puis de monteur vidéo. Cela donne néanmoins une idée du parcours.

https://www.youtube.com/watch?v=ojhiWqP ... e=youtu.be

On voit le matin dans l'appart, le départ à 5h, le km 5, le km 7(arche du scandulaghju), le km 20, le ravito du 27 (lac de Nino), puis le passge du col de BOCCA ALLE PORTE qui est le point culminant du GR 20 (la descente après le col sera terrible), le ravito du 46 (Parking de la Bergerie de Grotelle où les familles Leduc, Martin et Vigneron nous attendaient), puis l'arrivée où Line, Enzo et Elvan m'accompagnent dans Corte sur le dernier km.

TOTOR44

Re: Restonica Trail 2015

Message par TOTOR44 » 10 août 2015 21:36

Salut les mecs,

Bravo pour vos perfs, la video est top et à quelques heures des vacances ds les Pyrénées, elle donne envie de franchir la ligne.
Merci pour le partage des paysages et encore un Grand Bravo

Totor

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