CR 80km du Mont Blanc
Publié : 01 juil. 2013 18:06
Vendredi 28 juin 2h30. Le réveil sonne. Je dois dire que pour moi c’est une délivrance, je n’ai pas dormi de la nuit. J’ai sûrement dû m’assoupir quelques fois car le temps de m’a pas paru si long mais j’ai vu toutes les heures. On s’est couché la veille à 20h30 pour avoir quand même un minimum de sommeil, mais difficile de s’endormir à cette heure ci.
Ensuite l’excitation de l’épreuve, le stress de n’avoir rien oublié d’important font que je n’arrive pas à m’endormir. J’ai pourtant le meilleur lit de l’appartement, (Antho dort sur le canapé et Fabien ds le lit gigogne …. . merci à vous les gars).
De plus, j’ai grillé mon adaptateur de téléphone (adaptateur 220volt/usb) en me couchant en mettant mon câble usb à l’envers. Je ne pourrai donc pas le recharger cette nuit, il est à moins de 25% de charge, Je taxerai celui d’Anthony ou Fabien au petit déj pour essayer de charger mon tél 1 heure, mais c’est le genre de petit détail qui vous énerve la nuit avant une course. Fabien se réveille à 1h30, il me propose son chargeur, je saute sur l’occasion … ouf, je partirai téléphone chargé.
Nous prenons donc le petit déj vers 3h00 …. Café, gâteau sport, brioche, yaourt, fruits …. Pas besoin de manger léger ou de s’alimenter 2h00 avant la course vu l’épreuve qui nous attend.
On décolle de l’appart vers 3h40, il ne fait pas très froid, environ 10°C. La météo s’annonce de notre côté … pas de pluie, pas de grosse chaleur, pas de risque d’orage, pas trop de vent.
Après un rapide briefing en français et en anglais pour bien nous mettre ds l’ambiance, le départ est donné. Nous partons en fin de peloton, dans le dernier 1/3, il y a une excellente ambiance, des échassiers illuminés, des supporters. Nous entamons d’entrée la montée vers le Brévent … presque 1500m de dénivelé sur les 8 premiers km. Le peloton se met rapidement en file indienne pour monter sur le sentier, ça bouchonne un peu à quelques endroits …. Mais ça va.
La montée se passe bien, …. A la frontale, au train, en file indienne, ça discute, ça blague, c’est sympa.
Le jour se lève, le paysage est magnifique, c’est un pur bonheur.
A partir de 2000/2200m il y a des névés (plaques de neige), il faut faire attention de ne pas glisser. Nous le savions car nous avions fait un bon repérage la veille en montant par le téléphérique, ce n’est pas tellement dangereux, il faut juste être prudent. Ca rajoute du charme à l’épreuve, ce n’est pas gênant.
A 100m du sommet, 1ère galère, je casse le bout de mon bâton. Le plastique qui tient la pointe en tungstène a cassé, la pointe fait désormais un angle de 90° avec le reste bâton et ne tient plus que par le fil …. Putain c’est pas possible. 8ème km et bâton cassé !!!!! comment je fais faire. Mes bâtons sont carrément trop light pour ce genre d’épreuve. J’ai pris des légers et pliables pour pouvoir les ranger ds mon sac …. Mais pour ce genre d’épeuve il faut du solide, car on les aura tjrs ds la main, on ne les rangera pas … ça fait chier merde.
Ca me stress, ravito ds 2km, je vais essayer de les rafistoler avec du sparadrap que j’ai dans mon sac, mais ça va qd même être light pour pouvoir prendre des appuis en tte confiance, tant pis, c’est comme ça, on va faire avec, de toute façon je n’ai pas d’autres choix.
Antho et Fabien ont fait les 2km de descente pleine balle, je les rejoins au ravito avec une seule idée en tête … réparer mon bâton.
Je fais rapidement le plein d’eau, et je m’active à faire une grosse patate de sparadrap sur ma pointe cassée, ça à l’air de tenir, on repart.
On fait 2 ou 3 km, on a une superbe vue sur le Mont Blanc, c’est magnifique. On s’arrête prendre quelques photos, on continue.
Je porte la main sur mon sac pour attraper mon bidon à me désaltérer …. Et là, 2ème coup de stress … plus de bidon, je l’ai laissé au ravito. J’étais tellement obnubilé par mon bâton que j’en ai oublié mon bidon sur La table. C’est pas possible, je m’en veux …. L’année dernière au Raid du Golfe j’avais également oublié par 2 fois mon gobelet à un ravito … là je laisse carrément le bidon. J’étais parti avec 2 bidons de 600ml … il ne m’en reste plus qu’un, j’ai un bâton cassé, on est au 14ème km ……reste zen.
16km, on arrive au ravito de la Flégère, je demande à l’orga une bouteille en plastique d’1,5L pour remplacer mon bidon …. Elle rentre ds mon sac …. Cool, ça c’est réglé.
La descente jusqu’à Vallorcine se passe bien, même si elle est assez technique, j’y vais au train, tranquille. On prend des photos. Il y a des boucs sur le parcours à moins de 5m de nous, c’est hallucinant. Antho et Fabien sont plus à l’aise que moi en descente … je reste ds mon allure, …. Km26, on arrive à Vallorcine en courant, c’est la 1ère portion roulante depuis le départ. Ca commence à être dur mais ça va.
On se ravitaille et on repart. On croise ceux qui terminent leur boucle (on passe 2 fois à Vallorcine). On apprend que les 1ers ont fait leur 2ème passage à Vallorcine il y a déjà une heure … hallucinant.
Et là, c’est dur, c’est très très dur, la boucle fait 14km pour environ 750m de D+, mais le parcours est hyper technique, la montée au barrage est himalayenne, pierriers, passages via ferrata, avec câbles, pédales, et mains courantes (cf : http://www.trails-endurance.com/actus/t ... e-est-nee/)
On est au 30ème … et reste 50km … j’ai un gros coup de mou, …. Et là je doute, je doute de pouvoir finir … j’en fais part à mes collègues … et ils me remontent le moral … merci les gars, ça me rebooste, on continue, le moral revient.
Puis c’est au tour à Antho d’avoir un gros coup de moins bien, il n’arrive pas à s’alimenter, il vomit, c’est dur pour tout le monde.
La vue sur le barrage est magnifique, on prend quelques photos.
Avec Antho on informe Fabien que l’on va faire la descente très cool pour arriver frais au 2ème ravito de Vallorcine et ainsi se refaire la cerise. On veut arriver frais pour pouvoir bien se ravitailler, à mi-course c’est important.
Fabien part devant, il y a des podologues à Vallorcine, et il souhaite passer entre leur main pour un problème au pied … il nous attendra là-bas.
On fait la descente cool, je n’ai plus d’eau … Antho a de la boisson énergisante mais elle ne passe plus. Pas de ravito en eau sur cette boucle vu la difficulté c’est abusé … je suis déshydraté, je taxe de l’eau à un gendarme de haute montagne sur le parcours qui est là à un croisement.
J’ai 2 grosses ampoules aux pieds au niveau du talon. D’habitude je n’en ai jamais à cet endroit, mais les appuis en montagne ne sont pas du tout les mêmes que ceux que l’on peut avoir chez nous, les pieds s’échauffent à des endroits différents. De plus j’ai un orteil en sang. J’ai un ongle un peu trop long qui frotte sur la peau de l’orteil voisin. Il faudra moi aussi que je passe entre les mains des étudiantes podologues si je veux finir. Vu l’état et l’odeur de mes pieds, ce ne sera pas pour les draguer.
On arrive au ravito de Vallorcine pour la 2ème fois. …. Km42 …Fabien est arrivé depuis un moment. Je commence à regarder de près les barrières horaires, on est encore ds le timing, mais il ne faut pas perdre trop de temps non plus.
Un petit coup de sparadrap à mon bâton et on repart …. direction col puis les aiguillettes des Posettes … 720m de dénivelé positif. La montée se fait étonnement très bien. On monte sur des pistes assez larges, rien à voir avec les pierriers de la montée du barrage. Je prends conscience qu’il ne faut pas prendre en compte que le dénivelé pour juger de la difficulté d’une montée, ce qui compte surtout c’est la technicité du terrain.
Sur cette portion plus reposante, j’en profite pour lire vos textos (merci à vous). Seb Martin m’informe qu’il n’a plus nos temps sur le live, je le rassure rapidement en lui disant que l’on est encore ds la course.
Antho a repris du poil de la bête, il est 100m devant moi, il fait la montée avec un Mexicain avec qui il a sympathisé sur le parcours. L’ambiance entre les participants est excellente. Fabien est intercalé entre nous, il m’encourage.
On arrive en haut de l’aiguillette des Posettes, 46ème km, à 2200m d’altitude, la vue est magnifique …. Maintenant on doit descendre quasi 1000m de dénivelé sur moins de 8km …. Antho part comme une balle, suivi de Fabien, la descente est technique, je reste prudent, je ne tente pas de m’accrocher.
Je retrouve donc mes compatriotes au ravito d’Argentière ..km53. On se ravitaille, on est tjs ds les temps mais il ne faut pas s’attarder. Des bruits courts comme quoi l’orga aurait repousser les barrières horaires …. Mais je ne cherche pas à en savoir plus, si c’est vrai ce ne sera qu’une sécurité supplémentaire pour nous, je reste sur les barrières officielles.
Je reçois un appel de l’orga pour savoir si je suis tjs en course… je n’ai pas été « bipé » au 2ème passage de Vallorcine. Je leur confirme que je suis tjs en course, je fais le rapprochement avec le texto de Seb pdt la montée du Col des Posettes.
On s‘attaque désormais au Plan Joran, 700m de D+ sur 4,5km. J’espère que le parcours ne sera pas trop technique, je ne veux pas revivre un « barrage d’Emosson ». C’est en fait en sentier en lacet …. Ouf, ça va.
Je suis pas trop mal, Antho est ds le dur, toujours son problème d’alimentation.
Avec Antho on se complète bien, car on est ds le dur à chacun notre tour, mais jamais au même moment, du coup il y en a tjs un en forme pour tirer l’autre. Fabien lui ne semble jamais fatigué, il est toujours bien, c’est pour nous une vraie locomotive. On arrive en haut du Plan Joran, je m’allonge quelques secondes, ça me fait du bien, puis je trottine pour rejoindre mes compères.
On doit maintenant descendre 800m de D- sur 6km. On commence la descente ensemble, puis Fabien part devant. Il nous appelle du ravito du Bois, il a environ ½ heure d’avance sur nous, il va donc poursuivre en solitaire, on ne le reverra donc pas avant l’arrivée.
On arrive avec Antho au ravito des Bois, la nuit commence à tomber, on s’équipe pour la nuit, et on se ravitaille avant d’entamer la dernière grosse montée, plus de 1000m de dénivelé avec un passage le long de la mer de glace (dommage pour nous de la passer de nuit), pour atteindre d’abord Montenvers, puis Blaitière à 2116m d’altitude.
Le début de la montée est assez facile, chemin puis sentier, mais à voir la hauteur des lumières des frontales juste devant nous, on comprend vite que cela va se corser. Mon tél n’arrête pas de biper, je comprends que je reçois des messages d’encouragement … je ne peux pas prendre le temps de les lire, ni d’y répondre, mais cela me booste, c’est motivant.
Une personne de l’orga installé sur le parcours nous parle, nous pose des questions, nous demande si ça va ….. elle teste notre lucidité, c’est clair, …. On en déduit que le reste de l’ascension va être technique.
Cela est confirmé, on est en pleine nuit dans un immense pierrier, ce sont des montées à l’échelle, ascension avec les mains, pédales, escalade …. Je suis surpris d’avoir un parcours aussi technique en fin d’épreuve, ….. mais étonnamment avec Antho nous sommes bien. Nous rattrapons quelques concurrents et les déposons littéralement sur place. Je mène le train, Antho suit sans problème, je suis bien. J’aime la nuit, cela me donne des ailes. Je pense que musculairement le fait de faire du VTT nous aide bien dans les montées, on dépose des mecs à l’agonie.
On arrive en haut de la gare de Montenvers, c’est la dernière barrière horaire avant l’arrivée, on est large, et étonnamment pas trop mal …. On sera finisher.
Au ravito on nous demande de partir en groupe, car il ne reste que 300m de dénivelé mais avec quelques passages délicats, quelques passages un peu étroits avec le vide d’un côté. C’est fou. Je suis surpris que l’orga nous fasse passer dans des endroits comme ça en fin de parcours.
Cette prise de risque est constaté et salué aujourd’hui par le site Endurance Trail, ou je cite « un véritable parcours montagne qui semblait avoir disparu, avec le Grand Raid du Mercantour. Alors que la course nature s’aseptise de plus en plus, il faut saluer l’engagement des organisateurs. ».
Je confirme, et ce n’est pas pour me déplaire … avec Antho nous sommes encore lucides, mais c’est quand même osé de nous faire passer ici à cette heure là.
Nous arrivons à Blaitière, il nous reste 6km, 1200m de D- …. Ça va être dur, j’appréhende la descente, car j’ai mal aux cuisses et mes ampoules me font souffrir surtout en descente, ça va être un calvaire.
A peine un quart de la descente de fait, et je casse mon deuxième bâton, mais là entièrement, il est en morceau, le fil a rompu. Le bâton qu’il me reste me paraît trop fragile pour pouvoir prendre appui dessus.
Antho me prête un des siens (merci Antho) … je vois la différence avec les miens, lui c’est du solide.
On fait la descente ensemble, Antho est tjs plus à l’aise que moi en descente … je me tords méchamment la cheville mais entre les ampoules et les cuisses qui brûlent, la douleur me paraît anecdotique.
On mettra presque 2 heures à descendre … l’arrivée à Chamonix est une délivrance, on franchira la ligne d’arrivée à 3h15 … après 23h15 de course … ma Garmin indique 79,3km. Fabien est arrivé depuis 1h30, il a eu le temps d’aller à l’appart prendre une douche et revenir. Peu de monde à l’arrivée, 2 photographes, 1 vigiles, 3 bénévoles, 1 tireuse à bière et 3 mecs bourrés ….. mais on s’en fou, on est finisher de la 1ère édition des 80km du Mont Blanc.
On prend une petite mousse en lisant vos messages sur le téléphone, c’est un pur bonheur.
Merci à vous tous pour vos encouragements que ce soit par texto, facebook, forum du club.
Merci à Fabien et Antho sans qui je n’aurais jamais terminé.
Voici le lien Garmin de ma montre pour ceux qui voudraient refaire le parcours en off pendant leurs congés : http://connect.garmin.com/activity/335402269
Merci à vous.
Yann.
Ensuite l’excitation de l’épreuve, le stress de n’avoir rien oublié d’important font que je n’arrive pas à m’endormir. J’ai pourtant le meilleur lit de l’appartement, (Antho dort sur le canapé et Fabien ds le lit gigogne …. . merci à vous les gars).
De plus, j’ai grillé mon adaptateur de téléphone (adaptateur 220volt/usb) en me couchant en mettant mon câble usb à l’envers. Je ne pourrai donc pas le recharger cette nuit, il est à moins de 25% de charge, Je taxerai celui d’Anthony ou Fabien au petit déj pour essayer de charger mon tél 1 heure, mais c’est le genre de petit détail qui vous énerve la nuit avant une course. Fabien se réveille à 1h30, il me propose son chargeur, je saute sur l’occasion … ouf, je partirai téléphone chargé.
Nous prenons donc le petit déj vers 3h00 …. Café, gâteau sport, brioche, yaourt, fruits …. Pas besoin de manger léger ou de s’alimenter 2h00 avant la course vu l’épreuve qui nous attend.
On décolle de l’appart vers 3h40, il ne fait pas très froid, environ 10°C. La météo s’annonce de notre côté … pas de pluie, pas de grosse chaleur, pas de risque d’orage, pas trop de vent.
Après un rapide briefing en français et en anglais pour bien nous mettre ds l’ambiance, le départ est donné. Nous partons en fin de peloton, dans le dernier 1/3, il y a une excellente ambiance, des échassiers illuminés, des supporters. Nous entamons d’entrée la montée vers le Brévent … presque 1500m de dénivelé sur les 8 premiers km. Le peloton se met rapidement en file indienne pour monter sur le sentier, ça bouchonne un peu à quelques endroits …. Mais ça va.
La montée se passe bien, …. A la frontale, au train, en file indienne, ça discute, ça blague, c’est sympa.
Le jour se lève, le paysage est magnifique, c’est un pur bonheur.
A partir de 2000/2200m il y a des névés (plaques de neige), il faut faire attention de ne pas glisser. Nous le savions car nous avions fait un bon repérage la veille en montant par le téléphérique, ce n’est pas tellement dangereux, il faut juste être prudent. Ca rajoute du charme à l’épreuve, ce n’est pas gênant.
A 100m du sommet, 1ère galère, je casse le bout de mon bâton. Le plastique qui tient la pointe en tungstène a cassé, la pointe fait désormais un angle de 90° avec le reste bâton et ne tient plus que par le fil …. Putain c’est pas possible. 8ème km et bâton cassé !!!!! comment je fais faire. Mes bâtons sont carrément trop light pour ce genre d’épreuve. J’ai pris des légers et pliables pour pouvoir les ranger ds mon sac …. Mais pour ce genre d’épeuve il faut du solide, car on les aura tjrs ds la main, on ne les rangera pas … ça fait chier merde.
Ca me stress, ravito ds 2km, je vais essayer de les rafistoler avec du sparadrap que j’ai dans mon sac, mais ça va qd même être light pour pouvoir prendre des appuis en tte confiance, tant pis, c’est comme ça, on va faire avec, de toute façon je n’ai pas d’autres choix.
Antho et Fabien ont fait les 2km de descente pleine balle, je les rejoins au ravito avec une seule idée en tête … réparer mon bâton.
Je fais rapidement le plein d’eau, et je m’active à faire une grosse patate de sparadrap sur ma pointe cassée, ça à l’air de tenir, on repart.
On fait 2 ou 3 km, on a une superbe vue sur le Mont Blanc, c’est magnifique. On s’arrête prendre quelques photos, on continue.
Je porte la main sur mon sac pour attraper mon bidon à me désaltérer …. Et là, 2ème coup de stress … plus de bidon, je l’ai laissé au ravito. J’étais tellement obnubilé par mon bâton que j’en ai oublié mon bidon sur La table. C’est pas possible, je m’en veux …. L’année dernière au Raid du Golfe j’avais également oublié par 2 fois mon gobelet à un ravito … là je laisse carrément le bidon. J’étais parti avec 2 bidons de 600ml … il ne m’en reste plus qu’un, j’ai un bâton cassé, on est au 14ème km ……reste zen.
16km, on arrive au ravito de la Flégère, je demande à l’orga une bouteille en plastique d’1,5L pour remplacer mon bidon …. Elle rentre ds mon sac …. Cool, ça c’est réglé.
La descente jusqu’à Vallorcine se passe bien, même si elle est assez technique, j’y vais au train, tranquille. On prend des photos. Il y a des boucs sur le parcours à moins de 5m de nous, c’est hallucinant. Antho et Fabien sont plus à l’aise que moi en descente … je reste ds mon allure, …. Km26, on arrive à Vallorcine en courant, c’est la 1ère portion roulante depuis le départ. Ca commence à être dur mais ça va.
On se ravitaille et on repart. On croise ceux qui terminent leur boucle (on passe 2 fois à Vallorcine). On apprend que les 1ers ont fait leur 2ème passage à Vallorcine il y a déjà une heure … hallucinant.
Et là, c’est dur, c’est très très dur, la boucle fait 14km pour environ 750m de D+, mais le parcours est hyper technique, la montée au barrage est himalayenne, pierriers, passages via ferrata, avec câbles, pédales, et mains courantes (cf : http://www.trails-endurance.com/actus/t ... e-est-nee/)
On est au 30ème … et reste 50km … j’ai un gros coup de mou, …. Et là je doute, je doute de pouvoir finir … j’en fais part à mes collègues … et ils me remontent le moral … merci les gars, ça me rebooste, on continue, le moral revient.
Puis c’est au tour à Antho d’avoir un gros coup de moins bien, il n’arrive pas à s’alimenter, il vomit, c’est dur pour tout le monde.
La vue sur le barrage est magnifique, on prend quelques photos.
Avec Antho on informe Fabien que l’on va faire la descente très cool pour arriver frais au 2ème ravito de Vallorcine et ainsi se refaire la cerise. On veut arriver frais pour pouvoir bien se ravitailler, à mi-course c’est important.
Fabien part devant, il y a des podologues à Vallorcine, et il souhaite passer entre leur main pour un problème au pied … il nous attendra là-bas.
On fait la descente cool, je n’ai plus d’eau … Antho a de la boisson énergisante mais elle ne passe plus. Pas de ravito en eau sur cette boucle vu la difficulté c’est abusé … je suis déshydraté, je taxe de l’eau à un gendarme de haute montagne sur le parcours qui est là à un croisement.
J’ai 2 grosses ampoules aux pieds au niveau du talon. D’habitude je n’en ai jamais à cet endroit, mais les appuis en montagne ne sont pas du tout les mêmes que ceux que l’on peut avoir chez nous, les pieds s’échauffent à des endroits différents. De plus j’ai un orteil en sang. J’ai un ongle un peu trop long qui frotte sur la peau de l’orteil voisin. Il faudra moi aussi que je passe entre les mains des étudiantes podologues si je veux finir. Vu l’état et l’odeur de mes pieds, ce ne sera pas pour les draguer.
On arrive au ravito de Vallorcine pour la 2ème fois. …. Km42 …Fabien est arrivé depuis un moment. Je commence à regarder de près les barrières horaires, on est encore ds le timing, mais il ne faut pas perdre trop de temps non plus.
Un petit coup de sparadrap à mon bâton et on repart …. direction col puis les aiguillettes des Posettes … 720m de dénivelé positif. La montée se fait étonnement très bien. On monte sur des pistes assez larges, rien à voir avec les pierriers de la montée du barrage. Je prends conscience qu’il ne faut pas prendre en compte que le dénivelé pour juger de la difficulté d’une montée, ce qui compte surtout c’est la technicité du terrain.
Sur cette portion plus reposante, j’en profite pour lire vos textos (merci à vous). Seb Martin m’informe qu’il n’a plus nos temps sur le live, je le rassure rapidement en lui disant que l’on est encore ds la course.
Antho a repris du poil de la bête, il est 100m devant moi, il fait la montée avec un Mexicain avec qui il a sympathisé sur le parcours. L’ambiance entre les participants est excellente. Fabien est intercalé entre nous, il m’encourage.
On arrive en haut de l’aiguillette des Posettes, 46ème km, à 2200m d’altitude, la vue est magnifique …. Maintenant on doit descendre quasi 1000m de dénivelé sur moins de 8km …. Antho part comme une balle, suivi de Fabien, la descente est technique, je reste prudent, je ne tente pas de m’accrocher.
Je retrouve donc mes compatriotes au ravito d’Argentière ..km53. On se ravitaille, on est tjs ds les temps mais il ne faut pas s’attarder. Des bruits courts comme quoi l’orga aurait repousser les barrières horaires …. Mais je ne cherche pas à en savoir plus, si c’est vrai ce ne sera qu’une sécurité supplémentaire pour nous, je reste sur les barrières officielles.
Je reçois un appel de l’orga pour savoir si je suis tjs en course… je n’ai pas été « bipé » au 2ème passage de Vallorcine. Je leur confirme que je suis tjs en course, je fais le rapprochement avec le texto de Seb pdt la montée du Col des Posettes.
On s‘attaque désormais au Plan Joran, 700m de D+ sur 4,5km. J’espère que le parcours ne sera pas trop technique, je ne veux pas revivre un « barrage d’Emosson ». C’est en fait en sentier en lacet …. Ouf, ça va.
Je suis pas trop mal, Antho est ds le dur, toujours son problème d’alimentation.
Avec Antho on se complète bien, car on est ds le dur à chacun notre tour, mais jamais au même moment, du coup il y en a tjs un en forme pour tirer l’autre. Fabien lui ne semble jamais fatigué, il est toujours bien, c’est pour nous une vraie locomotive. On arrive en haut du Plan Joran, je m’allonge quelques secondes, ça me fait du bien, puis je trottine pour rejoindre mes compères.
On doit maintenant descendre 800m de D- sur 6km. On commence la descente ensemble, puis Fabien part devant. Il nous appelle du ravito du Bois, il a environ ½ heure d’avance sur nous, il va donc poursuivre en solitaire, on ne le reverra donc pas avant l’arrivée.
On arrive avec Antho au ravito des Bois, la nuit commence à tomber, on s’équipe pour la nuit, et on se ravitaille avant d’entamer la dernière grosse montée, plus de 1000m de dénivelé avec un passage le long de la mer de glace (dommage pour nous de la passer de nuit), pour atteindre d’abord Montenvers, puis Blaitière à 2116m d’altitude.
Le début de la montée est assez facile, chemin puis sentier, mais à voir la hauteur des lumières des frontales juste devant nous, on comprend vite que cela va se corser. Mon tél n’arrête pas de biper, je comprends que je reçois des messages d’encouragement … je ne peux pas prendre le temps de les lire, ni d’y répondre, mais cela me booste, c’est motivant.
Une personne de l’orga installé sur le parcours nous parle, nous pose des questions, nous demande si ça va ….. elle teste notre lucidité, c’est clair, …. On en déduit que le reste de l’ascension va être technique.
Cela est confirmé, on est en pleine nuit dans un immense pierrier, ce sont des montées à l’échelle, ascension avec les mains, pédales, escalade …. Je suis surpris d’avoir un parcours aussi technique en fin d’épreuve, ….. mais étonnamment avec Antho nous sommes bien. Nous rattrapons quelques concurrents et les déposons littéralement sur place. Je mène le train, Antho suit sans problème, je suis bien. J’aime la nuit, cela me donne des ailes. Je pense que musculairement le fait de faire du VTT nous aide bien dans les montées, on dépose des mecs à l’agonie.
On arrive en haut de la gare de Montenvers, c’est la dernière barrière horaire avant l’arrivée, on est large, et étonnamment pas trop mal …. On sera finisher.
Au ravito on nous demande de partir en groupe, car il ne reste que 300m de dénivelé mais avec quelques passages délicats, quelques passages un peu étroits avec le vide d’un côté. C’est fou. Je suis surpris que l’orga nous fasse passer dans des endroits comme ça en fin de parcours.
Cette prise de risque est constaté et salué aujourd’hui par le site Endurance Trail, ou je cite « un véritable parcours montagne qui semblait avoir disparu, avec le Grand Raid du Mercantour. Alors que la course nature s’aseptise de plus en plus, il faut saluer l’engagement des organisateurs. ».
Je confirme, et ce n’est pas pour me déplaire … avec Antho nous sommes encore lucides, mais c’est quand même osé de nous faire passer ici à cette heure là.
Nous arrivons à Blaitière, il nous reste 6km, 1200m de D- …. Ça va être dur, j’appréhende la descente, car j’ai mal aux cuisses et mes ampoules me font souffrir surtout en descente, ça va être un calvaire.
A peine un quart de la descente de fait, et je casse mon deuxième bâton, mais là entièrement, il est en morceau, le fil a rompu. Le bâton qu’il me reste me paraît trop fragile pour pouvoir prendre appui dessus.
Antho me prête un des siens (merci Antho) … je vois la différence avec les miens, lui c’est du solide.
On fait la descente ensemble, Antho est tjs plus à l’aise que moi en descente … je me tords méchamment la cheville mais entre les ampoules et les cuisses qui brûlent, la douleur me paraît anecdotique.
On mettra presque 2 heures à descendre … l’arrivée à Chamonix est une délivrance, on franchira la ligne d’arrivée à 3h15 … après 23h15 de course … ma Garmin indique 79,3km. Fabien est arrivé depuis 1h30, il a eu le temps d’aller à l’appart prendre une douche et revenir. Peu de monde à l’arrivée, 2 photographes, 1 vigiles, 3 bénévoles, 1 tireuse à bière et 3 mecs bourrés ….. mais on s’en fou, on est finisher de la 1ère édition des 80km du Mont Blanc.
On prend une petite mousse en lisant vos messages sur le téléphone, c’est un pur bonheur.
Merci à vous tous pour vos encouragements que ce soit par texto, facebook, forum du club.
Merci à Fabien et Antho sans qui je n’aurais jamais terminé.
Voici le lien Garmin de ma montre pour ceux qui voudraient refaire le parcours en off pendant leurs congés : http://connect.garmin.com/activity/335402269
Merci à vous.
Yann.