CR 80km du Mont Blanc

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Fabien
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Re: CR 80km du Mont Blanc

Message par Fabien » 02 juil. 2013 22:23

Bonjour à tous,
Le CR de Yann est super bien étayé et très bien tourné. D’ailleurs Yann, tu pourrais prétendre à un poste de chroniqueur chez Endurance Mag ;-) ! Je vous fait quand même le mien (bon courage pour la lecture !) :
Pour ma part, la première ascension se passe bien même si c’est la première fois que je ne cours pas du tout (ou si peu, peut être 300m et encore) pendant les premières heures d’un trail. Il faut dire que la pente (1500m D+ en 8km) est dissuasive. Je suis parti avec les bâtons à la main en pensant les ranger dans le sac en haut du Brévent. Finalement ils resteront dans mes mains pendant toute la durée de la course. Je n’avais fait qu’un sortie avec des bâtons sur le sillon et je me demandais comment cela se passerait mais je suis maintenant convaincu, même en descente, cela permet d’encaisser les chocs et de passer les obstacles, de se rattraper en cas de déséquilibre.. . D’ailleurs, je pourrais même les utiliser sur les prochains trails Bretons, c’est pour dire ! Aux ¾ de la montée, je coupe un virage pour gagner quelques mètres, résultat je suis tout de suite essoufflé et pendant 15 minutes j’ai les jambes en coton… On va se calmer un peu, pas la peine de se cramer ! Les premières neiges arrivent, pas les plus agréables à traverser car c’est bien glissant (le vent + les passages répétés ont gelé la surface) et la moindre chute peut vite partir en glissade sur qq dizaines de mètres. Antho a l’air très bien, on l’aperçoit au loin… Le sommet est enfin atteint mais on ne traine pas car il fait bien froid. Néanmoins, ma tenue est idéale, sur les conseils d’Antho j’ai opté pour un seul tee shirt manche longue et 1 veste légère et imperméable (Vraiment top : Ronhill trail tempest). Nous attaquons la descente avec Anthony, nous sommes à l’aise mais sommes un peu plus prudent que lors de notre reconnaissance de la veille. J’apprécie la genouillère que Yann m’a prété car je ressentais une légère douleur au genou gauche depuis quelques semaines (début de tendinite ?). Yann nous rejoint au premier ravito ou nous ne restons pas bien longtemps, il faut dire qu’il n’est pas encore 7h et que la température n’est pas très chaude. Bravo aux bénévoles qui supportent ces conditions pour nous, d’ailleurs on ne manque pas de les remercier ! Après la réparation de fortune du baton de Yann, nous repartons pour une alternance de descentes / montées qui passent bien. Le parcours change : après les étendues désertes et de neige, nous attaquons les premières forêts de sapins. Au détour d’un virage, nous découvrons un panorama grandiose sur le Mont Blanc, c’est génial ! Pause photos… Passage de La Flégère, que l’UTMB empreinte également. Nous croisons deux bouquetins, ils sont à 15m mais ne se sauvent pas. Pendant que mes 2 compagnons repartent, je tente de me rapprocher pour faire une photo pour envoyer aux enfants ! Quand je rejoins Yann et Antho, ils sont en train de se prendre en photo avec un troisième spécimen qui n’est vraiment pas farouche, il leur mangerait quasiment dans la main ! Je me sens vraiment bien, il faut dire que le parcours technique à souhait, les vues dégagées sur les sommets et l’ambiance avec les autres coureurs me conviennent et me donnent la pêche ! La descente vers Vallorcine est d’enfer. Des successions de virages en épingle. Je passe devant et commence à attaquer. Les gars me conseillent de faire attention à mon genou mais je prends tellement de plaisir que je me lâche. Vous imaginez bien qu’Antho ne me laisse pas tout seul et m’emboite le pas ! En bas nous nous calmons un peu et Yann nous rejoint très vite. S’en suit une partie assez plate, l’une des seules du parcours. Nous arrivons au ravito de Vallorcine où nous faisons une bonne pause. Les bénévoles nous annoncent un temps estimé de 3h15 pour faire la boucle du barrage soit 13km. Ca promet. Ils nous disent aussi que les premiers ont quitté le ravito à leur second passage il y a 1h environ. Epoustouflant ! Nous repartons tranquillement et je me fais doubler par la première féminine, un avion (elle a déjà fini la boucle du barrage)! Après un court passage dans la vallée, nous attaquons la montée en forêt, d’abord en pente douce puis ça se raidit jusqu’à une pente très raide et technique. Yann commence à avoir des doutes sur sa capacité à terminer, on essaie de le rassurer de notre mieux, lui conseillant de penser au nombre de km restants jusqu’au prochain ravito et pas à l’arrivée. Mais j’avoue que je me pose aussi des questions… Néanmoins il m’épate car il ne lâche rien. On commence à voir des coureurs avec des signes de fatigues assez importants. Je me rappelle notamment d’un coureur à l’ombre d’un rocher la tête entre les mains : je m’inquiète de son état, il me répond qu’il a des problèmes de digestion mais que ça va passer. Je quitte la veste et le tee-shirt à ML pour un simple tee-shirt car il fait maintenant bien chaud. On discute avec d’autres coureurs, des marcheurs Allemands avec qui j’essaie de converser avec mes restes d’Allemand du lycée. On double un groupe de pompiers avec qui nous n’arrêterons pas de se doubler/redoubler jusqu’à l’arrivée. La plupart des coureurs ne sont pas du coin : les locaux sont sans doute devant ou alors pas assez fous pour se lancer dans une telle course car eux, en connaissent la difficulté ! La montée est interminable... Après une montée de « cheminée » bien raide, nous atteignons enfin le barrage. Une pause puis il reste encore 200m de D+ à faire avant la redescente sur Vallorcine et son ravitaillement salvateur. Ces 200m D+ sont très techniques, typés via Ferrata… Souhaitant me faire soigner un échaffement sous le pied, je prends un peu d’avance dans la descente. Arrivé au ravito, je me restaure un maximum avec tout ce qui me tombe sous la main (saucisson, fromage local, soupe, thé, gels .. .) puis passe voir les podologues. Les gars me rejoignent au ravito. Mon arrêt dure plus d’une heure et fait un bien fou d’autant que l’ambiance y est top avec un groupe de musiciens ! On est reparti pour l’ascension des Posettes et ses 1000m D+. On passe la barrière horaire avec 5’ d’avance ! Just in Time. Nous montons à un bon rythme et reprenons pas mals de coureurs (euh non plutôt marcheurs). Au gré des discussions, un coureur nous apprend que cette course est plus difficile que la CCC (la petite sœur de l’UTMB de 98km tout de même). Nous rattrapons un coureur qui s’appelle Ignacio et qui vient de Mexico. Il est venu visiter la France et l’Italie. Antho engage une longue conversation avec lui en Anglais. Quant à moi, je parle avec Harm, qui est Hollandais et qui a eu autant de mal que nous à faire du dénivelé dans sa préparation dans son plat pays. Yann, s’accroche à quelques 100m derrière moi : Il a une sacré volonté le bougre ! Aux Posettes, il fait très froid. Je prends une photo et j’envoie un MMS afin de rassurer ma famille car le suivi live ne marche plus depuis un moment. Antho attaque la descente suivi de Yann. Au bout d’un moment je rattrape Yann et continue ma course afin de rejoindre Antho que j’aperçois au loin. La descente est très technique avec pas mal de marches mais j’encaisse bien. Je rattrape de nombreux coureurs mais toujours pas d’Antho… J’accélère jusqu’à descendre à une vitesse pas très raisonnable (car il nous reste 30km de course). Je finis enfin par le rattraper et nous finissons la descente à fond ! C’est con… mais c’est bon ! En bas nous marchons et trottinons car nous devrons de toute façon repartir à 3 du ravito d’Argentière. Nous avons largement ratrappé le temps sur les barrières horaires, de bonne augure pour la suite qui ne s’annonce pas plus facile. Antho a de grosses difficultés à s’alimenter, je ne sais pas comment il fait avec le peu de calories qu’il ingurgite. Nous repartons d’Argentière motivés, les nombreux sms nous font du bien au moral ! La cote de Plan Jorant est longue, Antho est limite en hypo, il avance au mental et nous l’encourageons avec Yann qui lui a bien repris du poil de la bête. A un moment, Antho s’arrête à quelques lacets en dessous de nous et essaie de s’alimenter. Au bout d’un moment, il ne nous répond plus, nous nous inquiétons un peu alors je fais ½ tour : rien de méchant, il est au téléphone avec El Presidente ! Dans la fin du col, je discute avec Helen, une Sud-Africaine vivant en Angleterre. Dans le début de la descente, je débute en courant alors que Yann et Antho marchent à bon rythme. Au fur et à mesure de la descente, je me sens de mieux en mieux alors je continue à courir. Arrivé au ravito, je prends quelques forces, puis j’appelle les gars pour leur dire que je continue sans les attendre. La première partie de la montée de Montenvert se passe très bien. L’ascension se fait de nuit. Je double de nombreux candidats et les frontales me font de bons points de mire. Arrivé à mi-pente, un membre de l’organisation m’annonce encore 400m de D+ pour la gare de Montenvert, mais une partie très technique. Effectivement, cela se corse rapidement avec des rochers qui forment des marches très irrégulières et parfois bien raides. Le fait de courir de nuit ne simplifie pas les choses car il faut chercher les balises et choisir le meilleur chemin parmi cet « éboulis »… Je me dis que c’est quand même limite pour certains coureurs qui n’étaient plus trop en état. Je pense à Yann et Antho en espérant qu’ils aient pu retrouver des forces au ravito avant d’attaquer cette partie. Au Montenvert, je prends un bon bol de soupe et un peu de thé pour me réchauffer car il fait bien frais. Je demande à un coureur de me prêter son portable car la batterie du mien est HS et je veux rassurer Magali. Un bénévole me voit et s’inquiète du fait que je n’ai plus de téléphone. Je lui dit que je suis encore lucide et me sens en forme. Il me demande de repartir avec un groupe. Je sais néanmoins que cela va être difficile de trouver un groupe avec une allure me correspondant. Il est 23h10 et je me dis que cela peut être jouable de finir à 00h30 (il reste 8km). C’était cependant bien mésestimer la suite et fin du parcours. Je repars avec un Japonais que je distance en à peine 100 mètres, tant pis je finirais seul. La partie qui m’a été annoncée dangereuse par les bénévoles l’est effectivement avec un précipice que l’on longe pendant un moment. La partie avant d’attaquer la descente est interminable. Enfin j’aperçois les frontales des bénévoles qui campent en haut de la descente. Ils m’annoncent 1200m négatif en 5km mais pas trop technique ! Enfin il m’est avis que c’est de jour parce que de nuit, ce n’est pas si simple. J’alterne marche sur les parties trop techniques et course quand c’est un peu plus roulant. Je me sens un peu seul mais du coup je peux me concentrer sur mes pas et réfléchir à la folle journée passée. Je pense aussi à Antho et Yann et j’espère qu’ils sont encore sur la course mais pas moyen de se renseigner sans téléphone. Un coup d’hypo me rappelle à l’ordre (vite un gel !) et mon tendon me lance au niveau de la cheville droite. On n’aperçoit depuis quasiment le début de la descente les lumières de Chamonix mais la ville ne parait plus se rapprocher. Je rattrape enfin 2 gars mais l’un des 2 n’arrête pas de se plaindre que la descente est trop dure et inintéressante et puis ci et ça… Ça me saoule alors je passe devant, je préfère encore être seul. Un coureur me rattrape juste au moment où j’aperçois une dizaine de frontales quelques lacets plus bas. Nous attaquons un peu pour les rattraper puis nous poursuivons tous les deux notre effort. C’est bon de courir ce dernier kilomètre à bonne allure… sous les acclamations des 5 ou 6 badauds qui trainent dans Chamonix à cette heure avancée. Je franchis la ligne à 1h40 soit après 21h40. Je suis fier d’avoir été au bout de ce défi mais je pense aux 2 vainqueurs qui ont couru sur ce même parcours en 9h45, c’est hallucinant ! Je rentre à l’appart me doucher et appeler Yann. Ils sont dans la descente depuis 30minutes. YES, c’est gagné, nous serons 3 finishers du SNLS44, c’est bien là l’essentiel et aussi ma plus grande fierté. Je file sur le parcours et nous terminons le dernier km ensembles histoire d’immortaliser ce moment !
J’ajouterais qu’on a passé de très bons moments à côté de la course, comme la veille de la course ou on est allé en repérage dans les neiges du Brévent (et ou Antho - dit le Bouquetin de Pontchateau- nous a fait partager son art de la descente sur neige !!! A voir prochainement dans la vidéo à venir), mais aussi le lendemain de la course où je suis remonté à Planpraz pour assister à l’arrivée du Cross du Mont-Blanc et où j’ai pu faire signer un autographe sur mon dossard et échanger quelques mots avec le vainqueur Jonathan Wyatt (6 fois champion du monde de course de montagne tout de même!) mais d’une grande gentillesse et simplicité (malgré le froid, il faisait 0°C et il pleuvait des cordes !), ou encore le départ du Marathon (gagné à 14,3km/h de moyenne par un certain K Jornet, pas mal pour 42km et 2500m de D+) puis la folle escapade aux Houches…
Merci à mes 2 compagnons pour les bons moments partagés et tout particulièrement à Yann pour nous avoir entraîné dans cette aventure un peu folle.

PS: ton CR est très bien aussi Antho ;-)

Fabien
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Re: CR 80km du Mont Blanc

Message par Fabien » 03 juil. 2013 07:06

Eh les ami(e)s...
Je consulte les différents forums et je suis un peu géné par vos compliments! Il est clair qu'on est très fiers d'avoir terminé et super contents de l'émulation qui nous a boosté (sms, forum, facbook...) MAIS il faut rien exagéré, on n'est pas des stars (les stars ce sont ceux qui terminent cette course en 9h45 :o ) et il n'y a pas de petite course (comme j'ai pu le lire). Alors Gaetan, le trail du bout du Monde, c'est une super course qui ne doit pas être facile vu le profil cassant alors bon courage ; Ronan, le trail du Golfe avec la chaleur celà a pas du être simple non plus donc Bravo à vous 5....

L'essentiel c'est de se faire plaisir et d'atteindre ses objectifs (quels qu'ils soient, du 5km au 160km). Alors Merci à vous et continuer à vous faire vous plaisir...

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thomas L
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Re: CR 80km du Mont Blanc

Message par thomas L » 03 juil. 2013 20:39

Je n'ai qu'un mot: IMPRESSIONNANT!
C'est tout simplement inimaginable de faire un truc pareil

Félicitations à vous 3!

Thomas.

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